De retour à l’ISFSC… et véritablement enchantés. « Mon plus beau souvenir, explique Nicolas, radieux, c’est certainement cet enfant qui est venu me trouver pour me dire qu’il a retrouvé sa famille grâce mon travail de médiation. Et qu’il est inscrit à l’école. » Dennis n’est pas moins ravi : « J’ai adoré cette complicité que j’ai eu avec les jeunes. Leur vivacité, leur malice, leurs coups de nerf instantanés. Les bagarres et puis les réconciliations immédiates. Les contacts. Discuter. Et jouer avec eux. »
De septembre à fin décembre 2021, Dennis et Nicolas ont intégré l’équipe sociale du Foyer Don Bosco, à Porto-Novo, pour leur stage d’année diplômante. Malgré son statut de capitale, Porto-Novo ressemble à une ville de province, bien plus calme et bien plus verte que la tumultueuse et imposante Cotonou située à quelque 40 km à l’ouest. Au Foyer Don Bosco, Dennis et Nicolas vont, durant trois mois, partir à la rencontre d’une cruelle réalité, celle des enfants en situation de vulnérabilité. Des jeunes de 10 à 18 ans, orphelins, abandonnés ou fugueurs, non-scolarisés, parfois impliqués dans des embrouilles ou des boulots peu recommandables comme le transport clandestin de kpayo (du carburant de contrebande en provenance du Nigéria voisin).
« Pas loin de la frontière avec le Nigéria, se rappelle Dennis, à une dizaine de kilomètres du Foyer Don Bosco, on disposait d’une sorte de maison de jeunes, la baraque, où des jeunes venaient nous rencontrer. Une fois. Ou plusieurs fois. On les écoutait. Est-ce qu’ils voulaient être aidés ? Est-ce qu’on pouvait les aider ? Est-ce qu’on pouvait ré-ancrer un jeune qui avait lâché prise ». D’autres tâches consistaient à suivre les dossiers individuels des enfants accueillis au centre d’hébergement du Foyer, au siège principal, dans la banlieue aérée de Porto-Novo.
Ce stage a profondément marqué tant Dennis que Nicolas. Les deux pointent une adaptation difficile : la chaleur, les moustiques, l’absence d’eau potable parfois… Au point que l’un deux, par manque de prévention et d’attention, sera assez sévèrement victime du paludisme… Pas facile donc de trouver sa place dans un contexte géographique, culturel, économique et social si différent. « Ça m’a appris à être humble, confie Dennis. On se rappelle tout le confort et toutes les opportunités qu’on a en Belgique. C’est une vraie remise en question. Au Bénin, c’est l’impuissance générale. Il n’y pas de structures ou d’institutions d’aide comme en Belgique. J’ai rencontré des personnes diplômées mais qui ne pourront pas trouver un emploi. Des jeunes qui n’ont pas assez d’argent pour aller une dernière année à l’école à cause du décès d’un parent. Des jeunes qui voudraient jouer dans une vraie équipe de foot mais qui ne pourront pas. Tous ces rêves qui ne pourront malheureusement jamais être réalisés. On travaillait avec des jeunes qui pensent ne pas avoir d’avenir. » Un sentiment largement partagé par Nicolas.
Les deux futurs diplômés AS insistent : c’est une chance inouïe pour des étudiants et des étudiantes de pouvoir partir au Bénin pour faire leur stage. Il faut aller voir comment ça se passe ailleurs. Mail il faut insister sur la capacité à s’adapter à un environnement tellement différent.
À Porto-Novo, quartier ancien cader, le long de la piste de terre rouge où grouillent les motos-taxis (les célèbres zemidjan), les voitures en fin de vie et quelques 4×4 rutilants, les équipes du Foyer Don Bosco travaillent chaque jour et chaque nuit à l’aide et à la protection de l’enfance et de la jeunesse. Sous un soleil de plomb ou une averse torrentielle, les jeunes béninois sont la préoccupation première. Tous les jours. Toutes les nuits.